Le CEREO a été créé en 1993. Il est spécialisé dans l’étude des littératures d’expression chinoise (Chine et Taiwan), notamment dans les problématiques de la traduction et de la réception. Il a organisé deux manifestations d’ampleur : en octobre 2002, les Troisièmes Journées de la Société Asiatique, colloque international dont les Actes furent publiés (D’un Orient l’autre, Cahiers de la Société Asiatique, nouvelle série, n° 4, Paris-Louvain, éditions Peeters, 2005) ; et en 2004, un autre colloque international, consacré cette fois à la littérature taïwanaise, qui fut organisé en collaboration avec l’Institute of Chinese Literature and Philosophy de l’Academia Sinica (Taipei), et qui constitue la première manifestation scientifique jamais tenue en France sur la littérature taïwanaise. Les actes de cette deuxième manifestation ont été également publiés, avec le soutien du Conseil régional d’Aquitaine, de l’Academia Sinica et de la Chiang Ching-Kuo Foundation for International Scholarly Exchange : La Littérature taïwanaise : état des recherches et réception à l’étranger, Paris, éditions You Feng, 2009.
Depuis 2011, le CEREO organise chaque année une journée d’étude, généralement consacrée à des thèmes qui touchent aux problématiques de la traduction et de la réception, et qui associe des sinologues et des spécialistes de littérature comparée appartenant à l’Université Bordeaux Montaigne ou à l’une ou l’autre des institutions suivantes : Académie chinoise des sciences sociales de Pékin, East China Normal University de Shanghai, INALCO, Université Fudan de Shanghai, Université de Nantes, Université de Picardie Jules Verne, Université Paris Diderot-Paris 7. Une de ces journées d’étude a du reste été organisée en collaboration avec le Centre d’études et de recherches comparatistes de l’Université Paris 3-Sorbonne nouvelle. Les actes des deux premières journées d’étude ont fait l’objet d’une publication groupée (La Littérature chinoise hors de ses frontières : influences et réceptions croisées, Paris, You Feng, 2013), et les actes de la dernière journée d’étude en date sont à paraître.
Les thématiques concernant Taiwan ont donné lieu — outre le colloque international déjà mentionné, qui réunissait des chercheurs français, taïwanais, chinois, allemands, ainsi que des écrivains taïwanais — à la création, en 2000, d’une collection d’œuvres littéraires traduites en français. Cette collection, « Lettres taïwanaises », est une collection nomade logée chez différents éditeurs : Actes Sud, Bleu de Chine, Christian Bourgois, You Feng. À ce jour elle compte 14 volumes. Derniers titres parus : les 4 tomes de l’Anthologie historique de la prose romanesque taïwanaise moderne (You Feng, Paris, 2016-2018), lesquels, avec leurs copieuses introductions, constituent une véritable histoire de la littérature taïwanaise par les textes. Les travaux menés sur Taiwan dans le cadre du CEREO par Angel Pino et Isabelle Rabut ont été récompensés en 2012 par le Prix de la Fondation culturelle franco-taïwanaise que décerne l’Académie des sciences morales et politiques.
Un des volets du travail accompli au sein du CEREO consiste en des travaux de bibliographie et de recueils documentaires : Chen Pingyuan, Sept leçons sur le roman et la culture moderne en Chine, Brill, Leiden-Boston, 2014 ; Angel Pino, Bibliographie générale des œuvres littéraires modernes d’expression chinoise traduites en français, You Feng, Paris, 2014.
Après un premier projet de recherche mené en collaboration avec l’Université des langues étrangères de Pékin, qui a abouti à la publication de l’ouvrage suivant (en chinois) : 20 shiji Zhongguo gudai wenhua jingdian zai Faguo de chuanbo biannian [Annales de la diffusion des œuvres classiques de la culture chinoise en France au XXe siècle], Daxiang chubanshe, Zhengzhou, 2018), le CEREO est engagé depuis 2014 dans un deuxième projet du même type, pour la partie en langue française (le projet couvre également les langues allemande, anglaise, japonaise et russe) : "Cent ans de diffusion de la littérature chinoise à l’étranger", projet de recherche international porté par le Centre de recherches interculturelles de l’Université de Suzhou, sous la direction de M. le professeur Wang Yao (Soochow University, College of Liberal Arts).
1. « La littérature chinoise hors de ses frontières »
a. Sélection et réception des textes traduits
La littérature chinoise moderne est née en grande partie de la traduction. Les journées d’étude du CEREO ont déjà mis en lumière certains aspects de la rencontre de la Chine du XX e siècle avec les littératures occidentales. Or, vu de l’autre côté du décor, quelle place dans les littératures étrangères réserve-t-on aux œuvres de l’Extrême-Orient amenées à la rencontre de l’Occident via la traduction, malgré les barrières de langues et de cultures ? Les littératures lointaines le sont chacune à leur façon : au cours du prochain quinquennal, nous voudrions ouvrir notre champ d’investigation vers les paradigmes de réception qui auraient eu des impacts sur les choix de traduire ou non-traduire, ainsi que les choix de traduction appliqués aux textes littéraires des contrées considérés comme lointaines en France ou en Europe, sans nous limiter exclusivement aux littératures asiatiques. Afin de mieux esquisser « le partage du sensible » réservé aux différentes littératures étrangères, nous invitons nos collègues polyglottes, spécialistes des littératures sinophone, japonophone, russophone, arabophone, slavophone, germanophone, etc. à entamer un dialogue interlittéraire sur d’éventuelles interfaces ou intersections des littératures traduites, qu’elles se rapportent aux critères esthétiques de traduction, canaux de réception, choix éditoriaux, filtres idéologiques, politiques culturelles des pays exportant leur littérature nationale, voire politiques d’enseignement des langues et civilisations étrangères en vigueur dans les pays d’accueil. En croisant nos regards sur les différences et similitudes des phénomènes littéraires en matière de traduction/non-traduction, nous souhaitons contribuer par ces enquêtes préliminaires aux réflexions sur le cadre discursif de la « littérature mondiale ». Un autre projet sera centré autour de la revue Littérature chinoise, publiée de 1964 à 2000 par les éditions en Langues étrangères de Pékin, et dont l’objectif était de présenter aux lecteurs francophones la littérature chinoise moderne et contemporaine. Il s’agira notamment de voir quel canon littéraire cette revue a contribué à mettre en place et quelle influence les changements politiques ont eue sur l’évolution dudit canon ; par qui et dans quelles conditions les traductions ont été effectuées, et selon quels principes traductologiques. Et enfin, par quels canaux, et avec quel succès, Littérature chinoise et les ouvrages qui lui étaient associés (parus à l’enseigne des éditions en Langues étrangères, dans les collections « Littérature chinoise » ou « Panda ») étaient diffusés hors de Chine : librairies militantes (Le Phénix, La Joie de lire, Norman Béthune, etc.), ou antennes de l’Association des Amitiés franco-chinoises. Depuis le début de ce siècle, la littérature taïwanaise tend à s’écrire en fonction de catégories liées aux identités (ethniques, de genre...). On distingue ainsi les œuvres écrites par des aborigènes, par des Continentaux de la deuxième génération, par des femmes, par des auteurs queer, etc. Diverses questions se posent concernant ce phénomène : cette tendance à l’« identitarisation » s’observe-t-elle dans d’autres histoires littéraires ? à quoi est-elle liée dans le cas de Taïwan ? quels en sont les mérites, mais aussi les effets pervers (exagération des déterminants liés à l’identité, fractionnement de l’espace littéraire, réduction de la littérature à un fait sociologique) ?
La littérature chinoise moderne est née en grande partie de la traduction. Les journées d’étude du CEREO ont déjà mis en lumière certains aspects de la rencontre de la Chine du XX e siècle avec les littératures occidentales. Or, vu de l’autre côté du décor, quelle place dans les littératures étrangères réserve-t-on aux œuvres de l’Extrême-Orient amenées à la rencontre de l’Occident via la traduction, malgré les barrières de langues et de cultures ? Les littératures lointaines le sont chacune à leur façon : au cours du prochain quinquennal, nous voudrions ouvrir notre champ d’investigation vers les paradigmes de réception qui auraient eu des impacts sur les choix de traduire ou non-traduire, ainsi que les choix de traduction appliqués aux textes littéraires des contrées considérés comme lointaines en France ou en Europe, sans nous limiter exclusivement aux littératures asiatiques. Afin de mieux esquisser « le partage du sensible » réservé aux différentes littératures étrangères, nous invitons nos collègues polyglottes, spécialistes des littératures sinophone, japonophone, russophone, arabophone, slavophone, germanophone, etc. à entamer un dialogue interlittéraire sur d’éventuelles interfaces ou intersections des littératures traduites, qu’elles se rapportent aux critères esthétiques de traduction, canaux de réception, choix éditoriaux, filtres idéologiques, politiques culturelles des pays exportant leur littérature nationale, voire politiques d’enseignement des langues et civilisations étrangères en vigueur dans les pays d’accueil. En croisant nos regards sur les différences et similitudes des phénomènes littéraires en matière de traduction/non-traduction, nous souhaitons contribuer par ces enquêtes préliminaires aux réflexions sur le cadre discursif de la « littérature mondiale ». Un autre projet sera centré autour de la revue Littérature chinoise, publiée de 1964 à 2000 par les éditions en Langues étrangères de Pékin, et dont l’objectif était de présenter aux lecteurs francophones la littérature chinoise moderne et contemporaine. Il s’agira notamment de voir quel canon littéraire cette revue a contribué à mettre en place et quelle influence les changements politiques ont eue sur l’évolution dudit canon ; par qui et dans quelles conditions les traductions ont été effectuées, et selon quels principes traductologiques. Et enfin, par quels canaux, et avec quel succès, Littérature chinoise et les ouvrages qui lui étaient associés (parus à l’enseigne des éditions en Langues étrangères, dans les collections « Littérature chinoise » ou « Panda ») étaient diffusés hors de Chine : librairies militantes (Le Phénix, La Joie de lire, Norman Béthune, etc.), ou antennes de l’Association des Amitiés franco-chinoises. Depuis le début de ce siècle, la littérature taïwanaise tend à s’écrire en fonction de catégories liées aux identités (ethniques, de genre...). On distingue ainsi les œuvres écrites par des aborigènes, par des Continentaux de la deuxième génération, par des femmes, par des auteurs queer, etc. Diverses questions se posent concernant ce phénomène : cette tendance à l’« identitarisation » s’observe-t-elle dans d’autres histoires littéraires ? à quoi est-elle liée dans le cas de Taïwan ? quels en sont les mérites, mais aussi les effets pervers (exagération des déterminants liés à l’identité, fractionnement de l’espace littéraire, réduction de la littérature à un fait sociologique) ?
b. Littérature chinoise, une revue d’influence
La littérature chinoise moderne est née en grande partie de la traduction. Les journées d’étude du CEREO ont déjà mis en lumière certains aspects de la rencontre de la Chine du XX e siècle avec les littératures occidentales. Or, vu de l’autre côté du décor, quelle place dans les littératures étrangères réserve-t-on aux œuvres de l’Extrême-Orient amenées à la rencontre de l’Occident via la traduction, malgré les barrières de langues et de cultures ? Les littératures lointaines le sont chacune à leur façon : au cours du prochain quinquennal, nous voudrions ouvrir notre champ d’investigation vers les paradigmes de réception qui auraient eu des impacts sur les choix de traduire ou non-traduire, ainsi que les choix de traduction appliqués aux textes littéraires des contrées considérés comme lointaines en France ou en Europe, sans nous limiter exclusivement aux littératures asiatiques. Afin de mieux esquisser « le partage du sensible » réservé aux différentes littératures étrangères, nous invitons nos collègues polyglottes, spécialistes des littératures sinophone, japonophone, russophone, arabophone, slavophone, germanophone, etc. à entamer un dialogue interlittéraire sur d’éventuelles interfaces ou intersections des littératures traduites, qu’elles se rapportent aux critères esthétiques de traduction, canaux de réception, choix éditoriaux, filtres idéologiques, politiques culturelles des pays exportant leur littérature nationale, voire politiques d’enseignement des langues et civilisations étrangères en vigueur dans les pays d’accueil. En croisant nos regards sur les différences et similitudes des phénomènes littéraires en matière de traduction/non-traduction, nous souhaitons contribuer par ces enquêtes préliminaires aux réflexions sur le cadre discursif de la « littérature mondiale ». Un autre projet sera centré autour de la revue Littérature chinoise, publiée de 1964 à 2000 par les éditions en Langues étrangères de Pékin, et dont l’objectif était de présenter aux lecteurs francophones la littérature chinoise moderne et contemporaine. Il s’agira notamment de voir quel canon littéraire cette revue a contribué à mettre en place et quelle influence les changements politiques ont eue sur l’évolution dudit canon ; par qui et dans quelles conditions les traductions ont été effectuées, et selon quels principes traductologiques. Et enfin, par quels canaux, et avec quel succès, Littérature chinoise et les ouvrages qui lui étaient associés (parus à l’enseigne des éditions en Langues étrangères, dans les collections « Littérature chinoise » ou « Panda ») étaient diffusés hors de Chine : librairies militantes (Le Phénix, La Joie de lire, Norman Béthune, etc.), ou antennes de l’Association des Amitiés franco-chinoises. Depuis le début de ce siècle, la littérature taïwanaise tend à s’écrire en fonction de catégories liées aux identités (ethniques, de genre...). On distingue ainsi les œuvres écrites par des aborigènes, par des Continentaux de la deuxième génération, par des femmes, par des auteurs queer, etc. Diverses questions se posent concernant ce phénomène : cette tendance à l’« identitarisation » s’observe-t-elle dans d’autres histoires littéraires ? à quoi est-elle liée dans le cas de Taïwan ? quels en sont les mérites, mais aussi les effets pervers (exagération des déterminants liés à l’identité, fractionnement de l’espace littéraire, réduction de la littérature à un fait sociologique) ?
2. Littérature et identité(s) : le cas de la littérature taïwanaise
La littérature chinoise moderne est née en grande partie de la traduction. Les journées d’étude du CEREO ont déjà mis en lumière certains aspects de la rencontre de la Chine du XX e siècle avec les littératures occidentales. Or, vu de l’autre côté du décor, quelle place dans les littératures étrangères réserve-t-on aux œuvres de l’Extrême-Orient amenées à la rencontre de l’Occident via la traduction, malgré les barrières de langues et de cultures ? Les littératures lointaines le sont chacune à leur façon : au cours du prochain quinquennal, nous voudrions ouvrir notre champ d’investigation vers les paradigmes de réception qui auraient eu des impacts sur les choix de traduire ou non-traduire, ainsi que les choix de traduction appliqués aux textes littéraires des contrées considérés comme lointaines en France ou en Europe, sans nous limiter exclusivement aux littératures asiatiques. Afin de mieux esquisser « le partage du sensible » réservé aux différentes littératures étrangères, nous invitons nos collègues polyglottes, spécialistes des littératures sinophone, japonophone, russophone, arabophone, slavophone, germanophone, etc. à entamer un dialogue interlittéraire sur d’éventuelles interfaces ou intersections des littératures traduites, qu’elles se rapportent aux critères esthétiques de traduction, canaux de réception, choix éditoriaux, filtres idéologiques, politiques culturelles des pays exportant leur littérature nationale, voire politiques d’enseignement des langues et civilisations étrangères en vigueur dans les pays d’accueil. En croisant nos regards sur les différences et similitudes des phénomènes littéraires en matière de traduction/non-traduction, nous souhaitons contribuer par ces enquêtes préliminaires aux réflexions sur le cadre discursif de la « littérature mondiale ». Un autre projet sera centré autour de la revue Littérature chinoise, publiée de 1964 à 2000 par les éditions en Langues étrangères de Pékin, et dont l’objectif était de présenter aux lecteurs francophones la littérature chinoise moderne et contemporaine. Il s’agira notamment de voir quel canon littéraire cette revue a contribué à mettre en place et quelle influence les changements politiques ont eue sur l’évolution dudit canon ; par qui et dans quelles conditions les traductions ont été effectuées, et selon quels principes traductologiques. Et enfin, par quels canaux, et avec quel succès, Littérature chinoise et les ouvrages qui lui étaient associés (parus à l’enseigne des éditions en Langues étrangères, dans les collections « Littérature chinoise » ou « Panda ») étaient diffusés hors de Chine : librairies militantes (Le Phénix, La Joie de lire, Norman Béthune, etc.), ou antennes de l’Association des Amitiés franco-chinoises. Depuis le début de ce siècle, la littérature taïwanaise tend à s’écrire en fonction de catégories liées aux identités (ethniques, de genre...). On distingue ainsi les œuvres écrites par des aborigènes, par des Continentaux de la deuxième génération, par des femmes, par des auteurs queer, etc. Diverses questions se posent concernant ce phénomène : cette tendance à l’« identitarisation » s’observe-t-elle dans d’autres histoires littéraires ? à quoi est-elle liée dans le cas de Taïwan ? quels en sont les mérites, mais aussi les effets pervers (exagération des déterminants liés à l’identité, fractionnement de l’espace littéraire, réduction de la littérature à un fait sociologique) ?
Ce colloque prend pour point de départ la notion de « littératures du monde », dans les différentes acceptions qu’on lui connaît en France, ainsi que celle de « littérature mondiale », concept issu de...
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