Le thème Arts et intermédialités se présente comme le lieu de rencontre des membres de l’UR Plurielles intéressés par les questions relatives aux arts, à la médialité et à l’intermédialité. Bien que l’introduction de la notion d’intermédialité ait été tardive en France, de nombreuses recherches traitent depuis les années 1990 de la question des rapports entre le texte et l’image, la littérature et les arts (peinture, musique, cinéma, bande dessinée…), ou encore la littérature et les médias (presse, photographie, télévision, réseaux sociaux…). Pourront s’inscrire dans ce thème les travaux visant à approfondir les enjeux liés à ces croisements, à en étendre le champ d’application par de nouveaux objets d’étude mais aussi à décentrer notre regard par rapport à leurs aspects les mieux connus. L’accent pourra être mis sur les aspects suivants :
Comme l’indique le préfixe inter-, les objets intermédiaux se caractérisent par une certaine hétérogénéité. La trace et son support dans le livre ou dans un tableau ; l’alliance de la musique, du théâtre et de la peinture à l’opéra ; l’association de la musique et du film dans le ciné-concert ; l’articulation du texte, de la musique et de la performance scénique dans la chanson ; le tableau et sa légende… – autant d’articulations dont l’artiste joue nécessairement puisqu’elles sont constitutives de son médium. Quand elle n’est pas subie, une telle hybridité peut être choisie ; entrent ainsi dans le même champ de recherche l’association facultative de techniques hétérogènes comme l’illustration et le texte dans le livre illustré, l’introduction de techniques audio-visuelles dans l’espace du théâtre ou le prolongement de la chanson par le clip. Des projets en cours sur le cinéma et la bande dessinée, inscrits dans les deux équipes CLARE et TELEM, pourront se prolonger dans l’UR Plurielles à l’intérieur du présent thème.
La diversité culturelle de l’UR Plurielles lui permet de traiter la question des arts et des médias dans une optique interdisciplinaire. Les questions du cinéma de fiction ou du documentaire, par exemple, intéressent des collègues spécialisés dans des aires linguistiques et culturelles différentes. Par ailleurs on parle souvent de l’intermédialité ou des médias en général comme si ces concepts allaient de soi mais on sait bien qu’ils n’ont pas été pensés et désignés ainsi par toutes les époques et par toutes les cultures. Pris dans des pratiques sociales plus englobantes, les phénomènes de communication ne sont pas nécessairement dissociés du contexte de leurs usages. La diversité disciplinaire de l’UR Plurielles lui donne aussi les moyens de décentrer le regard de chacun par rapport à ses propres concepts et de mener une réflexion multiculturelle sur la manière dont d’autres aires linguistiques et géographiques ont désigné et perçu les médiums et médias auxquels ils ont eu recours (Moyen-Orient, Afrique et Asie notamment). Un tel décentrement peut aussi être temporel, par exemple quand des pratiques apparemment autonomes résultent en réalité d’anciens systèmes intermédiaux, à l’instar de la poésie lyrique médiévale, qui ne divorce du champ musical qu’à partir du XVe siècle.
L’intermédialité s’intéresse à des objets mais prend aussi la forme de processus dynamiques puisqu’un message peut migrer d’un univers médiatique dans un autre. Pourront enrichir le présent thème les programmes qui abordent ce type de transfert, soit pour évaluer la part de gain et de perte qu’entraîne la circulation d’un message d’un support à l’autre, soit pour décrire les « médiamorphoses » résultant d’un tel trajet. L’adaptation d’un roman au cinéma, la traduction d’un tableau par une description (selon la tradition de l’ekphrasis), la transposition d’un récit mythologique dans une peinture (selon la non moins célèbre tradition de l’ut pictura poesis), l’extension d’un film ou roman par le jeu vidéo, l’adaptation d’une nouvelle ou d’un roman au théâtre ou à l’opéra, la traduction d’un récit narré ou filmé en album de jeunesse ou en bande dessinée, autant de processus parmi d’autres dont les enjeux se renouvellent à mesure que de nouvelles technologies, de nouvelles pratiques et de nouveaux publics apparaissent. Entrent aussi dans ce cadre tous les cas où l’artiste programme lui-même l’extension de son œuvre, comme dans ces créations transmédiales qu’a favorisées la conversion numérique de la culture et auxquelles s’intéressent particulièrement les spécialistes de littérature et culture contemporaines.
Dotée d’une équipe interne sur l’imaginaire, le LaPRIL, l’UR Plurielles travaille aussi sur la manière dont une culture représente et rêve les objets et productions culturelles de l’époque qu’elle envisage. Si les médias produisent de la représentation, eux-mêmes sont souvent présentés, représentés ou imaginés par leurs utilisateurs. À ce titre, Arts et Intermédialités pourra accueillir les recherches portant sur les discours sur l’art (Salons, articles de presse, chroniques radiophoniques, etc.), les rituels promotionnels (dédicace, interview d’écrivain ou d’artiste…), les captations de spectacles, les documentaires, ou encore les vies d’artistes romancées ou portées à l’écran (biopic, romans de l’artiste, etc.). Ce thème devrait ainsi favoriser l’émergence de travaux portant sur les rapports entre création et communication.
Plus généralement les recherches menées dans le cadre d’Arts et Intermédialités devraient intéresser tous ceux qu’intriguent les objets composites – objets dont les césures offrent aux acteurs qui s’en emparent autant de moyens de modifier nos manières de percevoir, de nommer ou de représenter le monde.
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