Les journaux et almanachs de H. D. Thoreau, E. Jünger, A. Leopold et K. O. Knausgård révèlent une attention particulière à la temporalité, de l’écriture du soi à l’écriture du monde. Ces textes écrits au fil des jours, contemporains de l’industrialisation, répondent à l’accélération moderne du temps en explorant la longue durée du non-humain et en la reliant à la trame de leur existence individuelle. En relevant le passage des saisons, ils explorent les cycles du vivant et font valoir un rapport à la terre empreint de sobriété, contre la prétention moderne à maîtriser la nature. Le genre diariste, en remarquant et recensant les infimes changements du monde environnant, révèle les multiples fibres temporelles qui constituent et structurent le tissu du vivant. Écouter, observer, pister, cultiver, jardiner deviennent autant de pratiques relayées par l’écriture, qui ouvrent des genres dominés par des perspectives autobiographiques aux cycles temporels qui débordent l’existence humaine et les conduisent à un tournant écologique.